Étude – Les violences entre partenaires intimes


Cette enquête, à l’initiative de Tels Quels ASBL, part du constat d’un manque de prise en charge des victimes et auteur·ices de violences entre partenaires intimes non hétérosexuel·les. Le fait que les personnes vivant ces violences se présentent au service social de l’asbl, se plaignant de ne pas trouver le chemin vers les services d’aide nécessaires, a permis d’alerter les employé·es d’une problématique réelle liée à la prise en charge des auteur·es et victimes de violences entre partenaires intimes non hétérosexuel·les. Les services d’aide aux personnes vivant ce type de violences, bien qu’ayant la volonté d’être inclusifs, attestent, eux aussi, d’une absence de prise en charge ou invisibilisation des personnes LGBTQIA+ au sein de leurs services. La présence de violences entre partenaires intimes chez les personnes non hétérosexuelles et leur manque de prise en charge trouvent écho dans d’autres pays dans le monde, comme en attestent les études à ce sujet (Brown & Herman, 2015), encore trop peu nombreuses. En Belgique, seule une étude menée en Flandre par Hellemans et al. (2015) traite de la question et atteste effectivement d’une prépondérance des violences entre partenaires intimes chez les personnes non hétérosexuelles supérieure ou égale à celle observée chez les personnes hétérosexuelles. En Belgique francophone, aucune donnée à ce sujet n’existe encore.

Le choix, dans cette enquête, a été fait d’une terminologie par opposition à l’hétérosexualité plutôt que par l’acronyme LGBTQIA+. Ceci est en réponse à l’écrasante majorité des études abordant le phénomène des violences entre partenaires intimes par le prisme des différences de genre et plus spécifiquement des relations hétérosexuelles. L’étude des violences dites « conjugales », originellement portée par les mouvements féministes des années 1970, est principalement basée sur un modèle hétéronormé associant les comportements violents à une domination masculine dans une société oppressante envers les femmes (Côté, 1995). Ainsi, bien que les modèles explicatifs évoluent, de nombreuses échelles sont pensées selon des schémas hétéronormés pouvant les rendre inadaptées aux relations non hétérosexuelles. Non sans déconsidérer la part intégrante de la notion de genre dans les questions de violences entre partenaires intimes, notre étude, descriptive et exploratoire, vise avant tout à toucher les personnes se reconnaissant ou se situant en dehors de l’hétéronormativité établie de manière à ouvrir le champ de la recherche dans ce domaine vers les publics minorisés et invisibilités.

Menée en 2022 et 2023, auprès de 1199 personnes, à partir d’un questionnaire en ligne, cette étude présente les premières données quantitatives sur les violences entre partenaires intimes vécues par les personnes non hétérosexuelles en Belgique francophone. Ces données sont essentielles pour évaluer la prévalence du phénomène et approfondir sa compréhension de manière à contribuer à la mise en place de politiques et de programmes de prévention et d’intervention efficaces et adaptés aux personnes LGBTQIA+. La taille de l’échantillon obtenu permet de tirer des observations fiables sur la population visée. Cependant, la méthodologie employée (explicitée ci-après) ne permet pas d’obtenir des sous-échantillons représentatifs de toutes les populations décrites, principalement en ce qui concerne les minorités parmi les minorités (comme les personnes subissant de multiples discriminations, les populations minorisées parmi les minorités sexuelles et de genre, etc.). Les chiffres présentés ici permettent ainsi de visibiliser et quantifier une problématique mais conduisent également à invisibiliser les publics qui n’ont pu être touchés.

L’étude tend à évaluer la prévalence des violences entre partenaires intimes chez les personnes non hétérosexuelles en Belgique francophone de manière descriptive et exploratoire et offre ainsi les premières données disponibles en la matière. Elle a pour objectif d’améliorer la compréhension du phénomène pour, d’une part, orienter la recherche future et, d’autre part, dresser des pistes d’action concrètes à mettre en place sur le terrain. Trois domaines principaux sont investigués : la prévalence des violences entre partenaires intimes chez les personnes non hétérosexuelles ; les caractéristiques socio-démographiques et psychologiques des victimes et auteur·ices de violences ainsi que l’occurrence et les effets de la recherche d’aide.

L’étude est portée par Tels Quels ASBL, avec l’appui méthodologique de l’Observatoire du sida et des sexualités (OSS) de l’Université Libre de Bruxelles. Elle bénéficie du soutien de la politique fédérale de l’Égalité des genres et des chances, de l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes, de la Fédération Wallonie Bruxelles et d’Equal Brussels.