L’écrivain face à la censure de l’homosexualité
Analyse 2025 – Philippe Artois
« L’histoire ne se répète pas, mais elle bégaie. » Cette citation de Mark Twain semble plus que jamais pertinente à l’heure où les communautés LGBTQIA+ sont confrontées à une recrudescence des attaques contre leur liberté d’expression et leur visibilité. Si, au XXe siècle, des écrivains comme Georges Eekhoud ont payé le prix fort pour avoir osé aborder l’homosexualité dans leurs œuvres, la censure contre les personnes queer reste un combat toujours d’actualité. Au-delà de la mémoire historique, la répression des minorités sexuelles et de genre, sous forme de lois et de décisions politiques, est aujourd’hui bien réelle.
Aux États-Unis, l’adoption de lois visant à interdire les performances de drag, comme le Drag Ban, ou encore la censure de livres LGBTQIA+ dans les écoles publiques, témoignent d’une offensive conservatrice contre l’expression des identités de genre et des sexualités minoritaires. Ces politiques ont pour objectif de limiter la visibilité des personnes queer dans les espaces publics et éducatifs, et de redéfinir ce qui est acceptable dans le domaine de la culture. Cette dynamique rappelle tragiquement des événements du passé, et plus particulièrement l’histoire de Georges Eekhoud, écrivain belge du XIXe siècle, qui a été poursuivi en 1900 pour « outrage aux bonnes mœurs » à cause de son roman Escal-Vigor. À une époque où l’homosexualité était perçue comme un vice immoral, Georges Eekhoud a courageusement décidé de défier cette norme, et son livre a payé le prix de cette audace en étant jugé comme une menace pour la société.
En résonance avec ces événements, il est frappant de constater que l’histoire littéraire, comme le procès d’Eekhoud, fait écho aux préoccupations actuelles des communautés LGBTQIA+. La censure, qu’elle soit législative ou sociale, a toujours existé en réaction à des expressions jugées « indécentes » ou « immorales ». Aujourd’hui encore, les personnes queer et leurs alliés se battent pour conserver une liberté de parole, de création et de représentation qui leur est trop souvent refusée. En retraçant l’histoire de Georges Eekhoud, de son œuvre Escal-Vigor et du procès qu’il a subi, nous pouvons non seulement rendre hommage à un écrivain pionnier, mais aussi mieux comprendre l’importance des luttes contemporaines pour la reconnaissance et la représentation des minorités sexuelles et de genre.
Ce parallèle entre le passé et le présent n’est pas anodin : il nous invite à réfléchir à la manière dont les formes de censure se répercutent sur les vies et les voix queer à travers les générations, et à la manière dont ces luttes peuvent (et doivent) s’articuler dans l’espace public d’aujourd’hui.
