de Laurie Colson & Axelle Le Dauphin, Belgique, 2015, Hindi st français, 80′
« Moi, Lakshmi Ma, je veux vous parler des hijras car je suis l’un d’entre eux… Nous ne sommes nés ni homme ni femme, nous sommes nés quelque part au milieu ». Ainsi s’exprime la guru que nous suivons lorsqu’elle parle de sa communauté en général et des quelques personnes qui vivent sous son aile en particulier, Trisha, Priyanka et quelques autres, dont Silky, personnalité centrale du film, qui navigue entre plusieurs familles hijras et plusieurs villes. Lakshmi Ma est un peu comme une figure maternelle et paternelle à la fois, garante du bien-être des membres de son clan, comme de la perpétuation des règles et codes hiérarchiques.
Les hijras sont une communauté qui existe depuis des siècles, qui inclut des personnes de toutes castes qui, en devenant hijras, renoncent généralement à leurs anciens liens familiaux. Elles trouvent une guru qui les accepte et les intègre dans ce qu’on peut considérer comme une nouvelle famille.
Après une émasculation sacrificielle, elles deviennent les véhiculent des pouvoirs de la déesse Bahuchara Mata et peuvent bénir ou maudire la population.
Leur ancrage dans des traditions religieuses séculaires leur donne une certaine aura (bien que celle-ci diminue avec la montée de l’homophobie et de la transphobie), entre respect et méfiance, mais leur donne également un statut à part. En nous montrant leur quotidien, en les regardant vivre avec beaucoup de sensibilité, les deux réalisatrices nous propulsent sans fausse pudeur dans leur réalité faite de complicité, de solidarité, mais aussi de discorde, de mendicité et parfois de prostitution.