The Cakemaker


Un film de Ofir Raul Graizer, Israël/Allemagne, 2018, 1h45, hébreu/allemand st français, avec Sarah Adler, Zohar Shtrauss, Tim Kalkhof.

Un jeune pâtissier se fait engager dans le café de la veuve de son ex-amant. Trouble trouple entre fantôme et vivants

Ofir Raul Graizer nous conte l’histoire de Thomas, jeune pâtissier allemand qui noue une liaison avec Oren, quadra israélien marié, avec enfant, qui vient régulièrement à Berlin pour son travail. Quand Oren décède accidentellement, Thomas, saisi de chagrin, débarque à Jérusalem pour « espionner » la famille du défunt, tenter d’en savoir plus sur celui dont il était manifestement épris.

Il se fait engager comme bon à tout faire dans le café d’Anat, la veuve d’Oren, sans rien dévoiler de leur liaison passée.

Ofir Raul Graizer met en scène ce trouble trouple constitué de deux vivants et un fantôme avec infiniment de finesse et de tact, infusant cette histoire d’un suspense sentimental à feu doux puisque le spectateur connaît un élément décisif que l’un des protagonistes ignore. Le réalisateur utilise avec intelligence les silences, les non-dits, les points de suspension, les ellipses, qui permettent au spectateur de travailler avec le film, de se poser toutes les questions affectives, identitaires et morales que génère cette situation.

Graizer imprime au film un érotisme élégant, non seulement dans les quelques scènes d’étreintes mais aussi à travers des gestes de pâtissier comme le travail de la pâte. À la question du triangle amoureux et de l’identité sexuelle s’ajoutent des problématiques historiques et culturelles : le frère d’Anat, Moti, Juif très pratiquant, regarde avec suspicion sa sœur engager un Allemand non juif.

Ode puissante et subtile à la liberté, au désir et à l’amour, critique des conservatismes surtout quand ceux-ci deviennent des entraves dogmatiques, The Cakemaker est une tranche de gâteau raffinée, garantie sans gras ni saccharine.